Lundi, 7h05, le réveil sonne. Tout en émergeant péniblement d’un demi-sommeil, vous dirigez votre main vers l’engin maudit en maugréant un inaudible charabia…
Vous vous extirpez de sous la couette et vous coulez sous la douche, le regard morne. Avalez un café à la hâte avant de vous diriger vers votre lieu de travail. La semaine a commencé.
Nombre d’entre nous avancent dans l’existence en pilote automatique, accomplissant une succession de tâches plus ou moins intéressantes, étouffant leurs émotions et réprimant leurs sentiments les plus profonds.
Et puis, survient l’électrochoc. Le coup de massue ou la prise de conscience progressive, l’évènement qui vient remettre les pendules à zéro.
"Le yoga m'a ouvert les portes d'un univers - en moi et autour de moi - que je ne soupçonnais pas. En me concentrant sur mon souffle, sur mes sensations, j'ai découvert une dimension inconnue, celle de l'infiniment petit. Peu à peu, cette dynamique a déteint sur ma vie. Les actions insignifiantes du quotidien sont devenues empreintes de plus de saveur: cuisiner, passer du temps avec mes enfants, boire un verre en terrasse avec des amis, mais encore faire du rangement... Sont des actes chargés de symbolisme, pourvu qu'on leur prête attention."
Le yoga peut constituer un excellent exutoire, une lucarne vers un ailleurs moins tangible, plus sensible.
"Personnellement, je ne suis pas adepte du yoga. Pourtant, je pense être connecté à mes émotions et au monde qui m'entoure. Je ne mange pas bio non plus, mais j'aime observer, écouter mes impulsions, obéir à cette part animale qui est en moi. J'ai grandi près de Rambouillet, c'est peut-être cette proximité avec la nature qui m'a donné ce goût pour la vie sauvage, les grands arbres, l'espace et la solitude."
Car il s'agit bien de cela: être en phase, se "déconnecter" d'un quotidien pesant pour le réinventer, et finalement se sentir plus "connecté"... Vous suivez ?
"Après cinq années dans une grosse entreprise, je me suis rendue compte que la vie qui me faisait rêver lorsque j'avais vingt ans n'était plus en accord avec celle que j'étais devenue. Je commençais à tourner en rond, devenais irritable, alors que je suis d'une nature optimiste et gaie. J'ai rapidement compris qu'il me manquait quelque chose, que "ça" ne suffisait plus à mon bonheur. J'avais envie d'évasion.
Seulement, je ne pouvais pas me permettre de quitter mon emploi et de partir en voyage. Je me sentais bloquée dans une vie étriquée, comme si quelque chose avait dérapé sans que je m'en rende compte.
Au cours d'un dîner chez ma mère, je suis tombée par un heureux hasard sur un livre, intitulé "un soupçon de méditation, pensées pour s'évader". Pas vraiment mon style de bouquins, moi qui suis plutôt polars. Et pourtant, rien qu'en le feuilletant, je me suis sentie plus légère, et une douce chaleur a envahi ma poitrine. En quelques semaines, je suis devenue addict de ce type de lectures, des ouvrages axés sur la psychologie positive.
Il est amusant de constater le changement qui s'est opéré en moi. Un peu fleur bleue, souvent rationnels, ces livres m'ont littéralement ouvert les yeux. J'ai peu à peu intégré des concepts qui m'étaient auparavant totalement étrangers: remarquer l'arrivée du printemps, éprouver de la gratitude pour une belle journée, sourire sans aucune raison apparente, dire le plaisir que j'avais à me réunir avec mes amis...
Mes week-ends aussi ont changé de saveur. L'éternel duo sortie du samedi soir / gueule de bois du dimanche s'est mué en repos / activité productive. Je prenais plus de plaisir à rester seule, effectuer avec soin des petits rituels de beauté...
Puis, mon envie de voyage est revenue, de plus en plus lancinante. Alors j'ai pris la décision de ne plus résister, cela devenait presque vital. J'ai commencé par mettre de l'argent de côté, chaque mois, avec application. Moi, la cigale du Sud, je suis devenue une fourmi (en m'offrant des petits plaisirs tout de même pour éviter la frustration).
Je me suis procuré des magazines de voyages. Mes moments off étaient désormais consacrés à du découpage / collage de photographies des destinations qui me faisaient rêver. Ma vie, dirigée vers un but, avait retrouvé tout son sens.
Je prépare actuellement mon tour du monde. J'étais déterminée à partir seule, mais finalement, la fougue que j'ai mise dans ce projet a fait que deux amies s'y sont ralliées... Pour mon plus grand plaisir !
J'ai le sentiment d'avoir plus évolué et progressé en quelques mois que durant les cinq années qui ont précédé. Je me lève chaque matin avec la perspective d'un avenir plus lumineux, le sourire aux lèvres... C'est ça, le bonheur ?!"
" Ma première rencontre avec le théâtre, lorsque j'étais enfant, fut un échec total. J'étais timide, incommodé... A tel point que je me suis vu attribuer le rôle du porte-manteau ! J'y suis revenu des années plus tard, un peu par hasard, par envie aussi, et parce que ma petite-amie de l'époque faisait partie d'une troupe. Ces moments étaient une sorte de sas de décompression entre ma journée de travail et les soirées seul ou à deux. Un fragment de temps suspendu : le luxe !
Entrer dans la peau d'un personnage, c'est se permettre des actes, des comportements que l'on imaginerait pas avoir dans la vie réelle, parce qu'ils ne correspondent pas forcément à l'image que l'on souhaite renvoyer. Pourtant, je suis persuadé que nous avons tous en nous une part de bimbo ou de mec un peu désespéré, qui noie sa peine dans l'alcool... Même si cela est difficile à assumer !
Jouer la comédie, c'est devenir tour à tour héros, victime, lion, homme ou femme. Se travestir, pour mieux partir à la rencontre de soi."
Re devenir sauvage, c'est se sentir vivant. Faire des choses un peu folles, aussi. Agir par impulsion, positivement, juste pour le plaisir, à l'instar de certains animaux, dont les comportements nous émeuvent et nous amusent.
Méditer, jouer, se surpasser, sont autant de "méthodes" simples pour partir à la conquête de soi. Trouver son côté animal, farouche, indomptable, cette part souvent oubliée.
Se perdre dans une nature sauvage, c'est, symboliquement, découvrir que l'inconnu ne nous est pas forcément hostile, mais qu'il peut receler de trésors, pourvu que notre oeil veuille bien les voir.
Alors, amis, humains, à vous de jouer !