La pleine conscience ou « mindfullness » est un mot très à la mode et on le retrouve de plus en plus accolé à plein de verbe : respirer, marcher, vivre, manger, …
La pratique est arrivée en occident dans les années 70 en pleine période New Age quand nos parents faisaient la fête en écoutant Jimmy Hendrix. Durant cette période, beaucoup de pratiques orientales essaiment dans la société occidentale comme le yoga, la méditation mais aussi des spiritualités comme le bouddhisme, le zen ou le taoïsme.
C’est en 1971 que Jon Kabat-Zinn, le « fondateur » du mindfullness, assiste à une conférence donnée par un moine au MIT. Cette conférence sera à l’origine de sa volonté d’apprendre à méditer et d’utiliser cette pratique pour aider à réduire le stress. Il est encore aujourd’hui un des chantres et des acteurs majeurs de ce courant.
Mindfullnes ? Pleine conscience ? Qu’est-ce que c’est ?
Personnellement, je préfère le terme pleine conscience. Pas uniquement parce que c’est du français, aussi parce que le concept me semble plus parlant. La pleine conscience, c’est justement apprendre à faire le vide dans son esprit, calmer son mental pour être dans l’instant présent, conscient à l’action que l’on accomplit. C’est une méditation laïque, non dévotionnelle et donc accessible à tous.
Comment donc cela s’applique-t-il à l’acte de se nourrir ?
Tich Nhat Hahn est un moine bouddhiste vietnamien connu pour ses ouvrages sur la paix et sur la pleine conscience. En 2014, il a publié l’ouvrage Vivre en pleine conscience : Manger qui interroge notre façon de consommer et de nous nourrir en proposant d’expérimenter la pleine conscience au quotidien à travers cet acte fondamental et pourtant si anodin. Il y décrit notamment le régime végétarien comme un acte pouvant agir pour la santé de la Terre et ayant pour effet de nourrir notre compassion. Contribuer à agir pour l’avenir de notre planète au quotidien sera alors une source de joie.
« Ressentez le bonheur de faire partie de la Terre
et de manger de façon à prendre conscience que chaque bouchée
vous permet d’être plus profondément relié à la planète. »
Dans cet ouvrage, il nous donne à voir notre lien profond avec la Terre et avec l’ensemble de la population humaine présente, passée et future.
Alors, manger en pleine conscience, ça donne quoi ?
Tout d’abord, il faut porter une attention accrue à toutes les actions qui amène à manger : choisir ses aliments, faire la vaisselle, préparer ses repas, cuisiner, mettre le couvert. On fait ces actions sans se presser, en pensant à sa respiration et en se concentrant sur ce qu’elles sont profondément, leur but pour les transformer en des moments de lâcher-prise, de paix intérieure, de médiation.
Ensuite, on cuisine et mange dans la joie, car cuisiner, partager un repas est un acte d’amour envers soi et envers ceux qui partagerons ce repas avec nous.
On réalise tout ce qui a permis de manger aujourd’hui : de l’agriculteur/paysan au soleil, la pluie, les plantes qui auront travaillé conjointement ou successivement pour satisfaire ce besoin vital, et on exprime de la gratitude pour tout cela.
Il est important de s’assoir pour manger, de se concentrer sur sa respiration, ses gestes, de laisser les soucis de côté, de se détacher des émotions négatives, de manger en silence et sans distraction, pour apprécier cet instant.
« L’acte de manger est une occasion de revenir à l’instant présent
et d’arrêter de courir et de planifier. »
En agissant ainsi, on prend conscience de sa responsabilité vis-à-vis de notre corps. En simple gardien, manger est alors une façon de le maintenir en bonne santé.
Il est primordial de se poser la question chaque jour « Que vais-je manger aujourd’hui ? » et de choisir ce que l’on mangera : notre repas sera-t-il bon, sain et quel sera son impact sur notre planète ? Manger est une façon d’apporter à notre corps l’énergie dont il a besoin pour fonctionner, de le soigner si nécessaire.
La pleine conscience peut donc s’expérimenter à chaque étape et à chaque instant du processus. En plus de calmer le mental et de permettre de diminuer le stress, elle a également la vertu d’aider à repenser son rapport à l’alimentation.
Ainsi, une personne qui vit des addictions alimentaires peut, en appliquant les principes de la pleine conscience reprendre le contrôle avec de l’entraînement et de la motivation. Les addictions alimentaires sont entretenues par une faim émotionnelle donc pas déclenchée par un besoin physiologique. Les aliments viennent compenser une sensation d’impuissance et donnent l’illusion de maîtriser quelque chose (ce que l’on ingère, la quantité) et pour le cerveau, cela entretient un système de plaisir et récompense immédiat d’où provient l’addiction, puisqu’en général les aliments qui permettent de compenser sont sucrés. Quand l’émotion (colère, tristesse, rancune, …) qui déclenche la faim apparaît, la personne peut prendre un temps pour respirer et interroger les raisons qui la poussent à vouloir « se remplir ». A ce moment, elle peut s’interroger sur la nécessité réelle de manger et sur l’action qui serait plus adaptée pour accueillir et transformer cette émotion. Manger ne résoudra pas l’élément déclencheur de l’émotion.
Cette prise de conscience sur la faim émotionnelle couplée à la pleine conscience appliquée à l’acte de manger est un outil puissant pour changer son rapport à l’alimentation. Ensemble, elles donnent la possibilité de dépasser le surinvestissement émotionnel de la nourriture très présent dans nos sociétés.
Pour aller plus loin, je peux vous conseiller deux ouvrages :
– Vivre en pleine conscience : Manger, de Tich Nhat Hanh
– Dites non à l’alimentation de consolation, de Roger Gould
Avant de vous laisser, je vous partage une recette qui vous aidera à manger en conscience 😉
Le Dhal
INGRÉDIENTS
200g de lentilles corail préalablement trempées (1 à 2h)
1 patate douce
20 cl de sauce tomate
20 cl de lait de coco
2 échalotes
1/2 c à c de graines de fenouil
1/2 c à c de graines de cumin
1/2 c à c de gingembre en poudre
1/2 c à c de curcuma en poudre
1 pointe d’asa foetida (hing)
1 gousse d’ail
huile d’olive
sel et poivre
2 poignées de persil frais
MARCHE À SUIVRE
Dans une grande casserole, mettre environ 2 c à S d’huile d’olive à chauffer et y ajouter les épices en graines. Les laisser dorer et quand elles commencent à crépiter, ajouter les échalotes que vous aurez émincées.
Ensuite, ajouter les épices en poudre (sauf l’asa foetida) que vous aurez mélangées avec un fond d’eau dans un verre pour éviter qu’elles ne brûlent dans la casserole – /!\ attention, si l’huile est très chaude, il y a des risques de projection, pensez à vous protéger avec le couvercle de la casserole.
Verser les lentilles égouttées et rincées et les laisser revenir dans les épices et l’huile pendant quelques minutes.
Couvrir les lentilles d’eau chaude. Il faut que l’eau soit légèrement au-dessus des lentilles (l’épaisseur d’un doigt). Porter à ébullition puis baisser le feu pour laisser cuire doucement à couvert.
Pendant ce temps, faire cuire la patate douce épluchée et découpée en petits cubes d’environ 2 cm de côté et en la plongeant dans l’eau bouillante. Vérifier la cuisson avec une fourchette. Elle doit être ferme mais cuite.
Égoutter la patate douce et verser les morceaux cuits dans les lentilles.
Ajouter une pointe de couteau (vraiment très peu) d’asa foetida et l’ail écrasé aux lentilles.
Quand les lentilles sont cuites, et l’eau suffisamment réduite, ajouter la sauce tomate et le lait de coco.
Saler et poivrer à convenance.
Hors du feu, ajouter le persil haché finement.
Déguster en conscience !
- Céline